Par : Émilie Lemaire, agr., M. Sc., Chargée de projets, IQDHO
L’utilisation d’organismes bénéfiques pour lutter contre les ravageurs des cultures ornementales produites en serre se fait depuis plusieurs années dans des entreprises produisant sur de petites superficies. Toutefois, l’adoption de cette approche de lutte dans les entreprises de grandes superficies est freinée par le temps nécessaire pour introduire les prédateurs en les saupoudrant manuellement sur les cultures. Afin de réduire ce temps, des outils d’introduction mécaniques qui soufflent les agents de lutte biologiques sur la culture sont maintenant proposés aux producteurs québécois. Jusqu’à tout récemment, il n’avait pas été vérifié si ces outils blessaient ou même causaient la mort des prédateurs introduits. Pour vérifier ces éventualités, l’IQDHO a mis en place un projet ayant pour objectifs d’évaluer trois appareils : le souffleur Mini-Airbug de Koppert, un souffleur/aspirateur (Makita DUB182Z) adapté par la compagnie Plant Products pour l’introduction d’acariens prédateurs et un drone « Entobot » de l’entreprise Canopée initialement développé pour des lâchers de trichogrammes (petites guêpes parasites), utilisé sur des champs de maïs et des forêts.
La première année du projet, les essais ont eu lieu sur un plancher d’entrepôt. Les essais préliminaires avec le drone ont permis de constater que des ajustements importants seront nécessaires avant d’introduire des acariens prédateurs en serre avec cet appareil. Cette technique a donc été retirée du projet.
C’est Neoseiulus cucumeris, un acarien prédateur commercialisé dans un support de vermiculite qui a été choisi comme auxiliaire à tester. Cette espèce est la plus utilisée pour réprimer les thrips dans une très grande variété de cultures ornementales en serre et largement utilisée dans les cultures maraîchères. Les expériences ont démontré que les deux types d’applicateurs mécaniques testés n’affecteraient pas significativement la viabilité des prédateurs appliqués sur une surface plane, et ce, quelle que soit la distance à laquelle ils sont projetés. La deuxième année du projet, la viabilité des prédateurs a été évaluée après introduction sur des géraniums, des gerberas et des impatientes en serres commerciales de grandes superficies. Les résultats obtenus dans ces conditions de production indiquent qu’une introduction avec le Mini-Airbug et le souffleur à prédateurs Makita n’induit pas une mortalité supérieure à celle d’une introduction manuelle par saupoudrage. Une analyse économique sommaire a démontré que l’achat du Mini-Airbug ou d’un souffleur Makita peut rapidement être rentabilisé, car le temps d’introduction peut être réduit de 85 % avec ces appareils comparativement à l’introduction manuelle. Ces résultats auront certainement un grand impact sur l’adoption de la lutte biologique par les entreprises produisant des plantes ornementales sur de grandes superficies, et par le fait même, sur la réduction de l’utilisation d’insecticides et des risques associés.
« Ce projet a été réalisé dans le cadre du volet 4 du programme Prime-Vert – Appui au développement et au transfert de connaissances en agroenvironnement avec une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation par l’entremise de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021. »
Pour plus de détails, consultez le rapport final du projet :
https://www.iqdho.com/images/stories/projets/IQDH-1-17-1868%20-%20Rapport%20final%202020%20VF.pdf
Lien vers la fiche synthèse du projet :
https://www.iqdho.com/images/stories/projets/IQDH-1-17-1868%20Fiche%20synthse%20VF.pdf
L’IQDHO tient à remercier les nombreux collaborateurs au projet : Anatis Bioprotection, Plant Products, Canopée, Koppert, La Ferme Grover Inc., Willy Haeck et fils Inc., Serres & Jardins Girouard Inc. et l’ITA de Saint-Hyacinthe.

Makita Predator Blower

Mini-Airbug

