Auteure : Annie Christine Boucher, M. Sc., Chargée de projets, IQDHO
Depuis plusieurs années, la technologie des drones gagne en popularité et se développe dans de nombreux domaines : mission de sauvetage, échantillonnage de l’air, détection d’indicateurs de santé dans une foule (comme la toux ou la fièvre), etc. En agriculture, les drones sont utilisés entre autres pour améliorer la productivité soit pour identifier des zones moins productives dans les champs ou pour la prise de photos aériennes, pour produire des plans de nivellement ainsi que pour le lâcher d’insectes bénéfiques, etc.
L’IQDHO, en collaboration avec GEOGRID (entreprise de géomatique et cartographie par drone) et le Centre de géomatique du Québec, a réalisé un projet portant sur l’utilisation potentielle des drones comme méthode de surveillance phytosanitaire dans la production de gazon en plaques.
Les entreprises de production de gazon en plaques s’étendent sur de vastes superficies en champ. Comme cette production n’est pas une culture sarclée mécaniquement, elle nécessite des applications d’herbicides pour contrôler les mauvaises herbes et d’autres pesticides pour contrer les ennemis de culture. Pourtant, l’accès par véhicules motorisés doit être limité, excepté pour la tonte. On sait que le passage de machinerie lourde sur la culture peut provoquer une compaction du sol suffisante pour affecter négativement la croissance et la récolte des plaques de gazon. C’est ici que l’utilisation du drone aurait sa raison d’être, permettant de localiser les problèmes et les traitements.
Ce projet, d’une durée de deux ans, a permis d’optimiser les paramètres de vol pour la détection des mauvaises herbes et de l’agent phytopathogène causant la rouille du gazon. Il a été déterminé que l’imagerie visible (photos prises avec les couleurs naturelles) était mieux adaptée que les indices de végétation tirés de l’imagerie multispectrale (méthode de traitement des images qui permet d’estimer certains paramètres de la végétation) pour y parvenir. La rouille, principale maladie présente dans les gazonnières, a été observable à au moins 60 m de hauteur. Cependant, sur des photos, il n’a pas été possible de faire la différence entre la rouille et des zones de sécheresse. Quant aux adventices, il a été constaté que leur similarité spectrale avec le gazon rendait leur observation et leur identification très difficile. La hauteur de vol requise pour détecter les feuilles larges s’est située sous le 60 m, et à 20 m et moins pour les graminées. Toutefois, leur identification s’est avérée tout un défi, en fonction de la hauteur, de l’espèce d’adventices et du stade de la culture.
En conclusion, comme le drone doit voler à une altitude relativement basse pour bien identifier les problématiques phytosanitaires rencontrées en gazonnière, le coût associé à son utilisation est relativement élevé. Cependant, la technologie des drones est en constante évolution, et l’amélioration des différents capteurs pourrait éventuellement permettre d’atteindre cet objectif tout en diminuant le temps de vol requis. De plus, l’utilisation de cette technologie couplée à celle de la robotique pourrait s’avérer très intéressante pour réduire l’utilisation des pesticides. À suivre…

Une copie intégrale du rapport est disponible pour téléchargement ici.
YouTube video: Évaluation de l’utilisation de drones comme méthode de surveillance phytosanitaire en gazonnières
Ce projet a été réalisé grâce à l’aide financière du programme Prime-Vert 2013-2018, sous-volet 3.2 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Pour plus de détails, consulter le rapport final du projet.